lundi 1 avril 2013

L’interview exclusive de George Benjamin



Pouvez-vous-vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Georges Benjamin ; né en 1960, j’ai commencé à jouer et écrire des morceaux à l’âge de sept ans environ. Mon métier principal est celui de compositeur mais je dirige et enseigne aussi (au King’s College de Londres), il m’arrive aussi parfois de me produire en tant que pianiste. 

Vous êtes l’invité d’honneur du festival cette année, que représente pour vous ce statut ?
Tout ce que j’entends à propos du Festival Messiaen m’impressionne, notamment son cadre qui est apparemment extraordinaire. J’adore la Montagne, tout comme Messiaen, et je suis vraiment impatient de ma visite là-bas cet été. Je suis aussi conscient des réussites artistiques du festival depuis sa création, et suis donc profondément touché d’être invité cette année.

Pouvez-vous nous parler du rapport que vous entreteniez avec Messiaen ?
Messiaen m’a accueilli dans sa classe quand je n’avais que 16 ans, il avait l’habitude de m’appeler son « Benjamin », du fait que je sois le plus jeune élève qu’il n’ait jamais eu. Il ne fait aucun doute qu’il était le professeur le plus prodigieux, généreux et engagé imaginable, je me remémore la période pendant laquelle j’étais avec lui à Paris avec un profond sentiment de gratitude et d’émotion.
Nous sommes restés étroitement en contact après son départ du conservatoire de Paris en 1978 et jusqu’à son décès en 1992. Nous nous voyions souvent, que ce soit à Paris ou à Londres, où, durant les vingt dernières années de sa vie il venait souvent en tant que visiteur. La première fois que nous nous sommes rencontrés — en avril 1976 — constitue probablement le jour décisif de ma vie de musicien.

Dans quelles œuvres d’Olivier Messiaen vous retrouvez-vous le plus ?
La première note de Messiaen que j’ai entendue provenait de La Nativité, et je me rappelle encore de l’impact que ces merveilleuses harmonies ont eu sur mes oreilles d’adolescent. Après cela j’ai écouté Turangalila, que j’ai bien sûr trouvé éblouissant. Le niveau d'inspiration de son catalogue est resté remarquablement élevé tout au long de sa carrière, il est donc difficile pour moi de choisir mes œuvres favorites — il y en a trop !

Vous avez été influencé par de nombreux compositeurs tout au long de votre carrière, y a-t-il un artiste qui vous inspire plus particulièrement aujourd’hui ?
Pas vraiment, il vient un moment où l’on doit juste devenir indépendant. Bien que mes compositeurs favoris, de ces deux derniers siècles uniquement, restent Beethoven, Berlioz, Schuman, Chopin, Wagner, Mussorgsky, Mahler, Debussy, Ravel, Stravinsky, Berg, Webern, Janacek, Messiaen, Boulez, Ligeti… Je devrais quand même mentionner l’auteur Martin Crimp, avec qui j’ai collaboré sur deux opéras durant ces dernières années et dont les écrits ont eu une conséquence décisive sur mon travail.

Vous travaillez avec de nombreux orchestres prestigieux et notamment le London Sinfonietta. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?
Le London Sinfonietta a joué pour la première fois une de mes œuvres en 1980, quand je n’avais que 20 ans, et je l’ai aussi dirigé, au festival d’Aldeburgh. Depuis cela nous avons collaboré régulièrement, et ils demeurent mes plus proches compagnons de musique en Angleterre. Je suis tellement content que nous puissions visiter la Meije ensemble !

Alexander Goehr est aussi invité pour cette 16ème édition, vous avez longtemps travaillé à ses côtés, pouvez-vous nous parler de votre relation ?
Mes études avec Goehr ont débuté immédiatement après que j’ai quitté Paris en 1978. Notre relation n’a pas été simple au début mais, les années passant, il est devenu extrêmement important pour moi, son approche philosophique de la musique a eu un impact considérable. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'autre qui, en quelques mots, pouvait ouvrir de nouveaux champs de pensée, de ceux qui étaient à même de maintenir l'inspiration pendant un morceau entier.
Goehr lui-même était un élève de Messiaen, 30 ans avant moi, mais son père Walter, fût l’un des élèves les plus prometteurs de Schoenberg, à Berlin, donc sa culture musicale est aussi variée qu’immense. Son influence sur l'évolution de la musique moderne au Royaume-Uni, et ce sur plusieurs générations,  a été considérable, aussi est-ce émouvant pour moi qu'il soit avec nous à la Meije cet été.

Avez-vous un projet sur lequel vous travaillez actuellement ?
Après avoir achevé mon premier opéra “Written on skin” l’année dernière, j’entame la conception de mon prochain travail, de ce fait vous allez devoir m’excuser d’être quelque peu cachottier en ce qui concerne la forme que cela va prendre…

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