samedi 18 avril 2015

Interview de Mathieu Dupouy - Claveciniste

Festival Messiaen : Depuis combien de temps vous intéressez-vous à la musique ?

Mathieu Dupouy : Mes premiers souvenirs musicaux remontent au moment où j'ai commencé à pratiquer la musique, c'est à dire plus ou moins depuis l'âge de 6 ans.

FM : Pour quelles raisons avez-vous accepté de jouer pour la première fois au Festival Messiaen au pays de la Meije ?

MD : C'est François-Bernard Mâche qui a proposé que je joue ici, dans le cadre de l'hommage qui lui est rendu cette année. Je l'ai rencontré en 2013, à l'occasion d'un concert dans lequel j'avais joué sa très belle oeuvre Anaphores, pour clavecin et percussions.

FM : Par quels conservatoires êtes-vous passé ?

MD : Mes études se sont déroulées tout d'abord dans ma ville natale de St Nazaire, puis au CNSM de Paris, où j'ai étudié le clavecin avec Christophe Rousset, puis avec Pierre Hantai, Olivier Baumont et Christophe Coin en cycle  de perfectionnement. J'ai également étudié le pianoforte avec Patrick Cohen au CNR de Paris.

FM : Comment pouvez-vous musicalement passer de Bach à Mâche ?

MD : Parce que je passe mon temps à le faire depuis des années! Ma vie de musicien m'amène en effet à alterner des concerts de musique baroque (mon activité principale), mais aussi de musique classique ou romantique au pianoforte, et quand j'en ai l'occasion de musique contemporaine. Je tiens néanmoins à jouer le répertoire du XXe siècle (De Falla, Martinu, Ligeti, Schnittke...), et travailler quand c'est possible avec les compositeurs. Ce qui m'a amené à rencontrer, lorsque j'interprétais leurs oeuvres, des compositeurs comme  Henri Dutilleux, Richard Dubugnon, Bruno Mantovani ou François-Bernard Mâche.

FM : Etes-vous particulièrement attiré par la musique contemporaine ?

MD : Même si mon métier de claveciniste m'amène à être particulièrement documenté sur la période des oeuvres que je joue le plus fréquemment, c'est à dire majoritairement les XVIIe et XVIIIe siècles,  je ne me considère pas comme quelqu'un ayant une attitude nostalgique vis-à-vis du passé. Je tiens au contraire à toujours garder à l'esprit que je joue du clavecin ici et maintenant, devant mes contemporains. Je crois donc qu'il est aussi de mon devoir d'artiste de prêter mes doigts à ce même public : c'est à dire les créateurs contemporains. C'est un langage avec lequel je me sens en phase parce que c'est l'expression du monde dans lequel nous vivons tous. Malgré toutes les difficultés qu'il peut y avoir dans une pièce contemporaine, j'ai toujours la satisfaction d'avoir le sentiment d'y être à ma place, alors que la musique du passé soulève tellement de questions, parfois sans réponses!

FM : Vous êtes un jeune artiste, avez-vous déjà composé des œuvres musicales ?

MD : Non. Musicalement, je suis fondamentalement un interprète, de la même manière qu'être un comédien et un auteur sont deux choses différentes. Il y a bien sûr eu dans l'histoire de nombreux cas d'interprètes - compositeurs, mais le plus souvent, ils étaient surtout les interprètes de leur propre musique. Je crois que même si quelqu'un pratique les deux activités, il doit en tout cas se mettre dans deux états d'esprit très différents : le compositeur est solitaire dans son activité, tourné vers l'expression de lui-même, alors que l'interprète doit rentrer dans un univers qui lui est à l'origine étranger, le faire sien et le projeter vers le public.

Vous pourrez retrouver Mathieu Dupouy sur la scène du festival Messiaen au Pays de la Meije le vendredi 17 juillet à 17h.
Propos recueillis par Margaux Brisson.

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